Il n’est pas si facile de se débarrasser de cette histoire vieille de trois mille ans, qui a commencé dans la Grèce antique et qui, depuis lors, paralyse nos esprits et nos écrits. C’est une histoire de héros qui conquièrent Troie et vivent les aventures les plus folles sur le chemin du retour, comme celle d’Ulysse. Et c’est une histoire de femmes invisibles, qui donnent naissance, nourrissent et changent les couches, pour se retirer au moment où leurs fils, futurs héros n’ont plus besoin d’elles. Une histoire comme celle de Pénélope, épouse d’Ulysse, mère de Télémaque. Lorsqu’ elle ose, un jour, s’adresser aux invités – son mari est en voyage d’aventure – elle est renvoyée à la cuisine par son fils adolescent avec les mots suivants : “La parole appartient aux hommes” (Mary Beard, Les femmes et le pouvoir).
Avec deux semaines de congé paternité obligatoire, Ulysse n’aurait certainement pas donné un exemple radicalement différent à son fils. Mais s’il avait dû changer les couches du petit Télémaque de temps en temps, ne se serait-il pas posé la question suivante : seules les femmes peuvent donner naissance à un enfant, certes, mais quelle loi les contraint en plus à assumer les travaux domestiques ? Cette réflexion pourrait être initiée par un père ou l’autre à l’occasion de ces deux semaines de congé paternité, en voyant sa chemise tachée de lait.
Il serait temps de commencer à rembourser cette dette honteuse. En disant oui au congé de paternité, nous faisons un pas dans ce sens.
Jerôme Lechot, Candidat pour le Conseil de Ville PS